Le Chevalier, la Mort et le Diable

Appelée par Dürer Le Chevalier (Der Reuter), cette gravure s'apparente par son format et sa richesse d'invention au Saint Jérôme dans sa cellule (DK-0028) et à La Mélancolie (DK-0029). Ces oeuvres majeures ne forment cependant pas un ensemble au sens strict du terme, car leurs compositions diffèrent passablement. L'idée du courageux guerrier chrétien face à un monde hostile est issue d’une longue tradition remontant à saint Paul : cette allégorie du « soldat du Christ » était courante au Moyen-Âge et dans les gravures sur bois du XVe siècle. Le Chevalier est symbolisé avec la Mort, rappelant la fugacité de la vie. Dürer va au-delà de la représentation médiévale habituelle de la Mort triomphante car ici la vie l'emporte : le Chevalier est au centre, fort et intrépide, tandis que la Mort, montée sur un cheval fatigué, est reléguée en arrière-plan. L'art de Dürer se situe entre deux époques, tant du point de vue iconographique que stylistique. Dans un décor inspiré du gothique tardif, le maître a placé un groupe équestre rappelant des sculptures de la Renaissance, comme celles Donatello et Verrochio. La composition est équilibrée, mais l'image manque de profondeur, car le second plan est spatialement mal défini. Le rôle joué par la lumière est essentiel : la gamme de tons limitée et l'absence de contrastes violents créent une atmosphère vibrante qui fait la force de cette image.

Cuvette : 245 x 188 mm (au trait carré) Support : 247 x 190 mm

Au recto, daté et monogrammé, dans l'image, en bas à gauche, gravé dans la plaque: "1513/AD". Au verso, numéroté, en haut au milieu, au crayon: "26"; inscrit, en bas au milieu, au crayon: " B.98"