La montagne accompagne Hodler tout au long de sa formation et devient un motif de prédilection, qui rencontre un grand succès auprès des collectionneurs. L’artiste se concentre particulièrement sur les Alpes bernoises, organisant à plusieurs reprises des séjours à Grindelwald entre 1908 et 1910, ou réalisant plus de vingt déclinaisons de la vue du Stockhorn entre 1911 et 1914. En 1908, il réside à la Schynige Platte d’où il crée plusieurs versions de L’Eiger, le Mönch et la Jungfrau. Hodler travaille d’après nature in situ et les croquis des montagnes présents dans ses carnets de travail dévoilent une connaissance aiguë des Alpes suisses et de la géologie. La composition de ses paysages évolue avec le développement symbolique de sa peinture. Ces derniers se vident peu à peu de toute figure humaine, progressent vers l’abstraction des formes et répondent toujours plus aux principes de symétrie et de parallélisme si chers à Hodler. Les œuvres se chargent d’une dimension émotionnelle et anthropomorphe comme le dira Hodler lui-même : « La physionomie du paysage dans la peinture dépend des éléments émotifs du paysage, c’est-à-dire des impressions qu’il éveille en nous ». Sur la toile, l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau, comme trois sœurs rocailleuses, percent l’épaisse masse nuageuse qui dissimule leur ancrage terrestre, et s’élèvent dans un ciel azuré. Hodler parvient à exprimer, dans un jeu subtil entre horizontalité et verticalité, légèreté des nuées et puissance de la roche, un sentiment d’ascension mystique qui transcende le visiteur et le convie à une méditation silencieuse.

Poids : 5 kg Support : 67,5 x 91 cm

Daté, titré et signé, en bas à droite, à la peinture à l'huile : "1908 Schynige-Platte F. Hodler"