La Tentation de saint Antoine

Giambattista Tiepolo a marqué l’art européen du siècle des Lumières par la richesse de sa production peinte, dessinée et gravée. Ce lavis témoigne de son agilité technique dans l’art du dessin. Il s’approprie ici l’iconographie de saint Antoine en proie à la tentation, un sujet qu’il traite à plusieurs reprises. Tel que le relate Jacques de Voragine dans sa célèbre Légende dorée, sitôt que saint Antoine choisit de suivre une vie d’ermite vouée à Dieu, il est sans cesse molesté par des apparitions malveillantes visant à l’en dérouter. Tiepolo donne corps aux vices qui font irruption dans l’esprit du religieux. Recroquevillé sur lui-même, la tête baissée, il est muni d’un chapelet et d’un crâne, posé sur une bible rapidement esquissée. Il détourne son regard d’un être féminin qui se cramponne à son bras et qui dissimule, au-dessus de son épaule, un démon doté de cornes. Sa piété l’aide à puiser dans son for intérieur le courage de résister. Grâce à sa maîtrise des raccourcis et à son sens théâtral de la composition, Tiepolo accentue la posture du saint accablé. Les brillants effets de lumière, typiques du vocabulaire graphique développé par l’artiste dans les années 1730, soulignent la tension de la scène. En optant pour un cadrage audacieux, il isole le groupe de figures au centre de la feuille et l’entoure de vide. Toute l’attention du spectateur se focalise ainsi sur saint Antoine érigé en symbole de lutte spirituelle.

Support : 215 x 183 mm

Au verso, inscrit, en haut à gauche, au crayon au graphite "[?] 88" ; en bas à gauche, au crayon au graphite : "hgnr. [?]1175" et "5608 / 3" ; en bas à gauche, à la plume et encre brune : ""Li[?] T[?] R, 104" ; en bas à droite, au crayon au graphite : "/21", à la plume et à l'encre brune : "GBatta Tiepolo 1710" ; en dessous, au crayon au graphite : "1[?]".