Valentine Godé-Darel, muse et amante de Hodler, est passée à la postérité en raison de son agonie, que l’artiste a relatée dans une longue série de dessins et de peintures, réalisés entre octobre 1913 et janvier 1915. Le traumatisme causé par cette perte marque un tournant dans la vie du peintre, qui oriente alors son art vers une démarche plus personnelle. La série de portraits de Valentine malade – 18 peintures et une centaine de dessins – est unique dans l’histoire de l’art. Cherchant sans relâche à transcrire chaque détail, chaque instant d’un processus de destruction inéluctable, Hodler transgresse le tabou de la maladie et de sa représentation, et questionne ce faisant les frontières entre forces de vie et forces de mort, sphère intime et sphère publique, temps et éternité. La démarche elle-même est ambivalente : on peut y voir la tentative désespérée de garder l’aimée vivante et auprès de lui, en fixant son image à jamais sur la toile ou le papier, mais également une mise à distance de la personne, qui devient un objet d’étude observé avec une précision scientifique.

Poids : 4 kg Objet : 75,8 x 60,5 x 2,8 cm